Sans titre, Edgard Pillet, 1969 (Amphi Weil)
Patrimoine
Sans titre, Edgard Pillet, 1969 (Amphi Weil)
Ciment noir teinté dans la masse
Amphithéâtre Louis Weil
Place Centrale, Saint-Martin-d’Hères
Découvrir l'œuvre
Les deux piliers encadrant les portes de l’amphithéâtre Louis Weil est une œuvre exécutée par Edgard Pillet. Elle est en ciment moulé teinté dans la masse, faisant partie intégrante du bâtiment, dessiné par l’architecte Olivier-Clément Cacoub.
Cette œuvre est un « creuset », une typologie d’œuvre à part entière, inventée par Edgard Pillet. A mi-chemin entre la sculpture et la peinture, le creuset est le fruit d’une recherche de l’artiste sur l’apposition de couleurs sur une surface concave. Par cette typologie, l’artiste souhaite obtenir un équilibre entre la forme, la couleur et la matière.
Nous avons ici un travail sur les couleurs avec la cohabitation deux tons de noirs, et un principe d'animation de surface, avec le contraste entre les pleins et les vides. Les motifs abstraits qui composent l’œuvre sont couramment utilisés dans les creusets d'Edgard Pillet.
Cette œuvre est un « creuset », une typologie d’œuvre à part entière, inventée par Edgard Pillet. A mi-chemin entre la sculpture et la peinture, le creuset est le fruit d’une recherche de l’artiste sur l’apposition de couleurs sur une surface concave. Par cette typologie, l’artiste souhaite obtenir un équilibre entre la forme, la couleur et la matière.
Nous avons ici un travail sur les couleurs avec la cohabitation deux tons de noirs, et un principe d'animation de surface, avec le contraste entre les pleins et les vides. Les motifs abstraits qui composent l’œuvre sont couramment utilisés dans les creusets d'Edgard Pillet.
Edgar Pillet (1912-1996)
Né en Gironde, Edgard Pillet suit des cours du soir à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux puis rentre aux Beaux-Arts de Paris (1928-1934). Après avoir obtenu une bourse du Conseil Supérieur des Beaux-Arts, il part en Grèce où il séjourne pendant un an (1936-1937). Il affirme alors son travail de sculpteur classique et se forme au dessin. De retour à Paris, il découvre entre autres Guernica de Picasso, ce qui marque considérablement son travail ultérieur : il comprend combien il est important de métamorphoser ses émotions. Durant les dix années à venir, son travail évoluera dans ce sens.
Les sept années suivantes (1939 à 1946), Pillet part en Algérie grâce au prix Abd El Tiff décerné par les Beaux-Arts. Il y rencontre entre autres Albert Camus, ce qui le pousse à s’essayer à l’écriture tout en continuant son travail de sculpteur. Durant cette période, il produit ses premières peintures figuratives d’inspiration cubiste.
Il rentre à Paris en 1946 où il continue à écrire des romans policiers sous le pseudonyme d’Arshi Kay. Après sept années en Algérie, l’art qu’il découvre à Paris est une révélation : il y découvre l’art abstrait. Il est entre autre très marqué par Kandinsky et Brancusi, et s’engage progressivement dans cette voie. A 36 ans, en 1948, il produit ses premiers découpages-collages de papiers. En 1950, il fonde l’Atelier d’art abstrait à Montparnasse avec Jean Dewasne. Cet atelier a un rayonnement international et propose des conférences techniques et philosophiques avec des acteurs du monde de l’art, des visites d’ateliers, des discussions, etc. En 1951, il intègre le Groupe espace. En parallèle, il poursuit ses travaux personnels, dont un film d’animation présentant des formes découpées dans du papier qui se rencontrent et dont les formes évoluent au fil de la vidéo. Ce court-métrage est extrêmement intéressant car il regroupe nombre de motifs qui composent le vocabulaire formel de Pillet (cliquez ici pour voir la vidéo).
En 1955, Pillet part aux Etats-Unis et y restera jusqu’en 1960. Il est alors professeur à l’Université de Louisville puis à l’Art Institute de Chicago. Il travaille et expose à New-York. Il repère une nouvelle école en germe, non-figurative et plutôt centrée sur la gestuelle ; son artiste prédominant est Jackson Pollock. Pillet est là encore très marqué, et réfléchit à la composition picturale de la toile et au monde de la peinture avec Wilhelm De Kooning, Robert Motherwell et Richard Lindner.
Des années 1960 à 1965, Pillet s’intéresse tout particulièrement à la cohabitation et au dialogue entre la forme, la couleur et la matière. Cette recherche plastique le mène à la création des creusets. Puis de 65 à 70, Pillet « se fait » architecte et conçoit environ sept villas. Il s’éloigne progressivement de la peinture, et ses creusets évoluent en sculptures mobiles. Cette évolution des creusets va le pousser à travailler davantage avec des architectes, dont Olivier-Clément Cacoub avec qui il réalisera de nombreux projets monumentaux en France et en Afrique. Durant toutes les années 70, Pillet continue ses travaux en lien avec l’architecture : on lui doit une cinquantaine d’œuvres réalisées pour le 1% artistique. Il élargit ses réalisations en utilisant différents matériaux comme l’acier inoxydable, le béton, le ciment, la pierre, la mosaïque, le bois, la pierre, l’aluminium… Il utilise des matériaux adaptés au lieu et à ses contraintes budgétaires.
A la fin de sa vie dans les années 1980, il revient à la peinture et à l’écriture de roman.
Les sept années suivantes (1939 à 1946), Pillet part en Algérie grâce au prix Abd El Tiff décerné par les Beaux-Arts. Il y rencontre entre autres Albert Camus, ce qui le pousse à s’essayer à l’écriture tout en continuant son travail de sculpteur. Durant cette période, il produit ses premières peintures figuratives d’inspiration cubiste.
Il rentre à Paris en 1946 où il continue à écrire des romans policiers sous le pseudonyme d’Arshi Kay. Après sept années en Algérie, l’art qu’il découvre à Paris est une révélation : il y découvre l’art abstrait. Il est entre autre très marqué par Kandinsky et Brancusi, et s’engage progressivement dans cette voie. A 36 ans, en 1948, il produit ses premiers découpages-collages de papiers. En 1950, il fonde l’Atelier d’art abstrait à Montparnasse avec Jean Dewasne. Cet atelier a un rayonnement international et propose des conférences techniques et philosophiques avec des acteurs du monde de l’art, des visites d’ateliers, des discussions, etc. En 1951, il intègre le Groupe espace. En parallèle, il poursuit ses travaux personnels, dont un film d’animation présentant des formes découpées dans du papier qui se rencontrent et dont les formes évoluent au fil de la vidéo. Ce court-métrage est extrêmement intéressant car il regroupe nombre de motifs qui composent le vocabulaire formel de Pillet (cliquez ici pour voir la vidéo).
En 1955, Pillet part aux Etats-Unis et y restera jusqu’en 1960. Il est alors professeur à l’Université de Louisville puis à l’Art Institute de Chicago. Il travaille et expose à New-York. Il repère une nouvelle école en germe, non-figurative et plutôt centrée sur la gestuelle ; son artiste prédominant est Jackson Pollock. Pillet est là encore très marqué, et réfléchit à la composition picturale de la toile et au monde de la peinture avec Wilhelm De Kooning, Robert Motherwell et Richard Lindner.
Des années 1960 à 1965, Pillet s’intéresse tout particulièrement à la cohabitation et au dialogue entre la forme, la couleur et la matière. Cette recherche plastique le mène à la création des creusets. Puis de 65 à 70, Pillet « se fait » architecte et conçoit environ sept villas. Il s’éloigne progressivement de la peinture, et ses creusets évoluent en sculptures mobiles. Cette évolution des creusets va le pousser à travailler davantage avec des architectes, dont Olivier-Clément Cacoub avec qui il réalisera de nombreux projets monumentaux en France et en Afrique. Durant toutes les années 70, Pillet continue ses travaux en lien avec l’architecture : on lui doit une cinquantaine d’œuvres réalisées pour le 1% artistique. Il élargit ses réalisations en utilisant différents matériaux comme l’acier inoxydable, le béton, le ciment, la pierre, la mosaïque, le bois, la pierre, l’aluminium… Il utilise des matériaux adaptés au lieu et à ses contraintes budgétaires.
A la fin de sa vie dans les années 1980, il revient à la peinture et à l’écriture de roman.
Pillet, le Groupe espace et la synthèse des arts
Pillet est l’un des protagonistes des rapprochements opérés après la Deuxième Guerre mondiale entre architectes et artistes. Il fait partie du Groupe espace, association fondée en 1951 par André Bloc, qui a pour ambition de rassembler peintres, sculpteurs et plasticiens au côté des architectes, afin de travailler ensemble à un meilleur cadre de vie pour tous. Ces ambitions s’inscrivent dans la théorie plus générale de « synthèse des arts », et le Manifeste du Groupe, signé en 1951 par trente-neuf personnes, est relayé dans les revues Architecture d’aujourd’hui et Art d’aujourd’hui.
Les principes du Groupe espace ne sont pas sans rappeler ceux de l’UAM, l’Union des Artistes Modernes créée en 1929 et dont fit également partie André Bloc. L’UAM prônait un art accessible à tous ; le titre de leur Manifeste de 1934 en est révélateur : « Pour l’art moderne, cadre de la vie contemporaine ». A noter cependant que l’UAM souhaitait que les décorateurs, relieurs, joaillers et designers participent à la synthèse des arts, au même titre que les artistes plasticiens et les architectes, contrairement au Groupe espace qui, lui, ne promouvait qu’un rapprochement entre arts plastiques et architecture.
En 1952, Pillet participe au projet architectural de l’imprimerie Mame à Tours, où il fait la mise en couleur des murs intérieurs et mène ainsi un travail sur l’aménagement des lieux et de leur atmosphère. Plus tard, dans les années 60 et 70, il s’associe à de nombreuses constructions publiques ou privées pour lesquelles il conçoit, en concertation avec les architectes, des réalisations monumentales en France et à l’étranger. Dans le cadre du 1% artistique, Pillet réalise une cinquantaine d’œuvres de différentes natures (reliefs, sculptures, mosaïques, tapisseries, peintures murales, creusets). Au sein du Groupe Espace, Pillet va à de nombreuses reprises avoir l’occasion de mettre en pratique ses réflexions sur l’intégration de « la couleur au service de l’homme », avec des visées tant fonctionnelles que sociales.
André Borderie et Pierre Székely, auteurs d’autres œuvres des sites universitaires grenoblois, ont également fait partie du Groupe espace.
Les principes du Groupe espace ne sont pas sans rappeler ceux de l’UAM, l’Union des Artistes Modernes créée en 1929 et dont fit également partie André Bloc. L’UAM prônait un art accessible à tous ; le titre de leur Manifeste de 1934 en est révélateur : « Pour l’art moderne, cadre de la vie contemporaine ». A noter cependant que l’UAM souhaitait que les décorateurs, relieurs, joaillers et designers participent à la synthèse des arts, au même titre que les artistes plasticiens et les architectes, contrairement au Groupe espace qui, lui, ne promouvait qu’un rapprochement entre arts plastiques et architecture.
En 1952, Pillet participe au projet architectural de l’imprimerie Mame à Tours, où il fait la mise en couleur des murs intérieurs et mène ainsi un travail sur l’aménagement des lieux et de leur atmosphère. Plus tard, dans les années 60 et 70, il s’associe à de nombreuses constructions publiques ou privées pour lesquelles il conçoit, en concertation avec les architectes, des réalisations monumentales en France et à l’étranger. Dans le cadre du 1% artistique, Pillet réalise une cinquantaine d’œuvres de différentes natures (reliefs, sculptures, mosaïques, tapisseries, peintures murales, creusets). Au sein du Groupe Espace, Pillet va à de nombreuses reprises avoir l’occasion de mettre en pratique ses réflexions sur l’intégration de « la couleur au service de l’homme », avec des visées tant fonctionnelles que sociales.
André Borderie et Pierre Székely, auteurs d’autres œuvres des sites universitaires grenoblois, ont également fait partie du Groupe espace.
En savoir plus
Consultez le site à propos de l'artiste : https://www.edgardpillet.fr/
Mis à jour le 22 mars 2024