Essere vento, Giuseppe Penone, 2018 (de retour au Musée de Grenoble)
Patrimoine
Essere vento, Giuseppe Penone, 2018
Sable, béton, verre et Plexiglas
Depuis le mois d'août 2022, l'oeuvre est au Musée de Grenoble (5 place Lavalette, 38000 Grenoble), conservée dans les reserves du musée. Elle fut en dépôt pendant quatre ans au laboratoire 3SR (bâtiment Galilée, au campus de Saint-Martin-d'Hères/Gières).
Découvrir l'œuvre
Giuseppe Penone est une figure majeure de la sculpture contemporaine depuis la création du mouvement Arte Povera dans les années 60. Il a exposé dans le monde entier et plusieurs musées de renom dont le Rijkmuseum à Amsterdam en 2016. En France, il a notamment installé ses œuvres au Centre Pompidou et au Château de Versailles. Son exposition en 2014 au Musée de Grenoble a connu une affluence record de 57 000 personnes.
Le 4 décembre dernier sur le domaine universitaire, l’une des sculptures de sa série Essere vento, "Être vent", a été dévoilée et installée au sein du laboratoire 3SR de l’Université Grenoble Alpes, du CNRS et de Grenoble INP. Donnée par l’artiste au Musée de Grenoble, cette œuvre sera installée pendant trois ans, grâce à un prêt de la Ville de Grenoble, au cœur du laboratoire qui a concouru à sa création. Elle rejoindra ensuite les collections du musée.
Une question, deux grains de sable et des rencontres
Cette collaboration arts & sciences a débuté en novembre 2014 par cette question surprenante de Giuseppe Penone à Joël Chevrier, professeur à l’UGA et alors chercheur à l’Institut Néel : « Pourriez vous sculpter un grain de sable pour le rendre identique à un autre grain de sable ? » Pour répondre à cette question, l’implication du laboratoire 3SR, spécialisé notamment dans l’analyse et le comportement des sables (il y en a des myriades tous différents), à travers son directeur Cino Viggiani, également professeur à l’UGA, et Eddy Andò, jeune ingénieur de recherche au CNRS, a été déterminante. Ses moyens notamment de tomographie aux rayons X en 3D avec une résolution micrométrique ont été essentiels dans ce projet.
Une aventure artistique et scientifique
Travailler la forme d’un grain de sable de taille millimétrique jusqu’à l’échelle de quelques micromètres, c’est-à-dire à la limite du visible, rencontre, en fait, les besoins de mise en forme 3D de nombreux laboratoires et entreprises. Ce travail de spécialistes est pris en charge notamment par de très petites entreprises comme Micro Usinage Laser (M.U.L) à Toulouse. Cette société a souvent travaillé avec le CNRS sur divers projets de recherche. Quand des chercheurs grenoblois leurs ont demandé d’explorer avec eux, pour une œuvre d’art, la taille 3D de grains de sable à ces échelles en utilisant leurs lasers de puissance, Christophe Carrière et Mathieu Gouhaut se sont immédiatement associés à l’aventure.
L’œuvre du temps, de l’Homme et de la nature
Au centre de Essere vento, il y a donc deux petits grains de sables dont la taille est d’environ 2-3 mm. L’un est là tel qu’il a été trouvé, façonné dans le vent par les chocs et les frottements. L’autre a été taillé grâce aux technologies modernes et a maintenant la forme du précédent. Essere vento fait écho à une première œuvre de Giuseppe Penone, Essere fiume, "Être fleuve" : une pierre de plus de 100 kg extraite d’un torrent de montagne sculptée à l’identique d’une seconde pierre issue du même lieu. Ces deux œuvres sont emblématiques du travail de Giuseppe Penone.
Avec beaucoup d’élégance, et une grande précision dans la réalisation, il interroge sans relâche notre vision du monde. Il en questionne les catégories de notre représentation, et en particulier les différences entre les matières et les formes supposées associées à l’inerte et au vivant. Ainsi, il fait aussi prendre conscience d’une évolution permanente sur des temps très longs qui excédent largement le temps de notre existence. Essere fiume cherchait, dans le miroir d’une reproduction humaine, à souligner l’action de l’eau qui façonne par l’érosion, les paysages dans lesquels nous vivons. De même, Essere vento (2015) souligne à la limite du visible, la place de l’air qui soulève et emporte les grains de sable alors soumis à d’innombrables chocs et frottements qui déterminent leur profil unique.
Cette collaboration arts, sciences et technologies est d’abord une rencontre entre un artiste, des chercheurs et une petite entreprise. Bien sûr, chacun est resté ce qu’il est, avec son approche, son expertise et même sa vision du projet. Mais ce sont ces différences rassemblées qui ont permis de réussir cette œuvre et de construire ce dialogue entre l’art les sciences.
Le 4 décembre dernier sur le domaine universitaire, l’une des sculptures de sa série Essere vento, "Être vent", a été dévoilée et installée au sein du laboratoire 3SR de l’Université Grenoble Alpes, du CNRS et de Grenoble INP. Donnée par l’artiste au Musée de Grenoble, cette œuvre sera installée pendant trois ans, grâce à un prêt de la Ville de Grenoble, au cœur du laboratoire qui a concouru à sa création. Elle rejoindra ensuite les collections du musée.
Une question, deux grains de sable et des rencontres
Cette collaboration arts & sciences a débuté en novembre 2014 par cette question surprenante de Giuseppe Penone à Joël Chevrier, professeur à l’UGA et alors chercheur à l’Institut Néel : « Pourriez vous sculpter un grain de sable pour le rendre identique à un autre grain de sable ? » Pour répondre à cette question, l’implication du laboratoire 3SR, spécialisé notamment dans l’analyse et le comportement des sables (il y en a des myriades tous différents), à travers son directeur Cino Viggiani, également professeur à l’UGA, et Eddy Andò, jeune ingénieur de recherche au CNRS, a été déterminante. Ses moyens notamment de tomographie aux rayons X en 3D avec une résolution micrométrique ont été essentiels dans ce projet.
Une aventure artistique et scientifique
Travailler la forme d’un grain de sable de taille millimétrique jusqu’à l’échelle de quelques micromètres, c’est-à-dire à la limite du visible, rencontre, en fait, les besoins de mise en forme 3D de nombreux laboratoires et entreprises. Ce travail de spécialistes est pris en charge notamment par de très petites entreprises comme Micro Usinage Laser (M.U.L) à Toulouse. Cette société a souvent travaillé avec le CNRS sur divers projets de recherche. Quand des chercheurs grenoblois leurs ont demandé d’explorer avec eux, pour une œuvre d’art, la taille 3D de grains de sable à ces échelles en utilisant leurs lasers de puissance, Christophe Carrière et Mathieu Gouhaut se sont immédiatement associés à l’aventure.
L’œuvre du temps, de l’Homme et de la nature
Au centre de Essere vento, il y a donc deux petits grains de sables dont la taille est d’environ 2-3 mm. L’un est là tel qu’il a été trouvé, façonné dans le vent par les chocs et les frottements. L’autre a été taillé grâce aux technologies modernes et a maintenant la forme du précédent. Essere vento fait écho à une première œuvre de Giuseppe Penone, Essere fiume, "Être fleuve" : une pierre de plus de 100 kg extraite d’un torrent de montagne sculptée à l’identique d’une seconde pierre issue du même lieu. Ces deux œuvres sont emblématiques du travail de Giuseppe Penone.
Avec beaucoup d’élégance, et une grande précision dans la réalisation, il interroge sans relâche notre vision du monde. Il en questionne les catégories de notre représentation, et en particulier les différences entre les matières et les formes supposées associées à l’inerte et au vivant. Ainsi, il fait aussi prendre conscience d’une évolution permanente sur des temps très longs qui excédent largement le temps de notre existence. Essere fiume cherchait, dans le miroir d’une reproduction humaine, à souligner l’action de l’eau qui façonne par l’érosion, les paysages dans lesquels nous vivons. De même, Essere vento (2015) souligne à la limite du visible, la place de l’air qui soulève et emporte les grains de sable alors soumis à d’innombrables chocs et frottements qui déterminent leur profil unique.
Cette collaboration arts, sciences et technologies est d’abord une rencontre entre un artiste, des chercheurs et une petite entreprise. Bien sûr, chacun est resté ce qu’il est, avec son approche, son expertise et même sa vision du projet. Mais ce sont ces différences rassemblées qui ont permis de réussir cette œuvre et de construire ce dialogue entre l’art les sciences.
En savoir plus
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire le récit passionnant de cette aventure artistique, scientifique et humaine, signé de Joël Chevrier, professeur de physique à l’UGA et chercheur à l’Institut Néel.
Mis à jour le 8 mars 2024