Sans titre, Edgard Pillet, 1973 (Phelma Campus)
Patrimoine
Sans titre, Edgard Pillet, 1973
Pâtes de verre
Hall de l’administration de Phelma-Campus (Grenoble INP - UGA)
1130 rue de la piscine, Gières
Découvrir l'œuvre
Cette mosaïque monumentale a été commandée dans le cadre du 1% artistique. Les motifs abstraits présents sur la mosaïque font totalement partie du vocabulaire formel d’Edgard Pillet et ne sont pas sans rappeler ceux des piliers de l’Amphithéâtre Louis Weil. De nombreuses personnes voient dans ces figures une évocation de l’Egypte, des arts africain et aztèque.
Pour cette œuvre, l’artiste a joué sur les contrastes entre les matériaux et entre les couleurs. En effet, Edgard Pillet a utilisé des tesselles de grandes tailles et de formes variables pour l’intérieur des motifs, tandis que les fonds sont constitués de tesselles cubiques de taille uniforme placées de manière très régulière. Pour ce qui est des couleurs, Edgard Pillet a joué sur les contrastes entre couleurs chaudes et les couleurs froides, les couleurs foncées et les couleurs claires.
L’œuvre, de par ses motifs à l’évocation exotique et ancienne, entre en résonance avec l’architecture du lieu. En effet, le bâtiment puise son inspiration dans l’architecture égyptienne antique. En effet, on retrouve dès l’extérieur une référence aux constructions de cette époque avec le portique couvrant une volée de marches, débouchant sur une esplanade pavée. A l’intérieur, l’inspiration est plus franche : les piliers allant du sol au plafond et répartis à égale distance les uns des autres font directement référence aux salles hypostyles de l’Antiquité. Enfin, les colonnes sont coiffées de chapiteaux reprenant de manière stylisée les chapiteaux égyptiens palmiformes, papyformes ou encore lotiformes, c’est-à-dire des chapiteaux décorés de palmiers, de papyrus ou de lotus.
Le lien entre l’œuvre et l’architecture a sûrement été volontaire, Edgard Pillet étant un fervent défenseur de la synthèse des arts, qui prône l’association entre arts plastiques et architecture. Il est intéressant de souligner que ce principe de synthèse des arts, très prégnant dans de nombreux milieux artistiques des années 50, fait écho à l’une des recommandations du 1% artistique – lui-même né dans les années 50 – à savoir que les œuvres du 1% doivent être issues d’un travail collaboratif entre architecte et artiste.
Pour cette œuvre, l’artiste a joué sur les contrastes entre les matériaux et entre les couleurs. En effet, Edgard Pillet a utilisé des tesselles de grandes tailles et de formes variables pour l’intérieur des motifs, tandis que les fonds sont constitués de tesselles cubiques de taille uniforme placées de manière très régulière. Pour ce qui est des couleurs, Edgard Pillet a joué sur les contrastes entre couleurs chaudes et les couleurs froides, les couleurs foncées et les couleurs claires.
L’œuvre, de par ses motifs à l’évocation exotique et ancienne, entre en résonance avec l’architecture du lieu. En effet, le bâtiment puise son inspiration dans l’architecture égyptienne antique. En effet, on retrouve dès l’extérieur une référence aux constructions de cette époque avec le portique couvrant une volée de marches, débouchant sur une esplanade pavée. A l’intérieur, l’inspiration est plus franche : les piliers allant du sol au plafond et répartis à égale distance les uns des autres font directement référence aux salles hypostyles de l’Antiquité. Enfin, les colonnes sont coiffées de chapiteaux reprenant de manière stylisée les chapiteaux égyptiens palmiformes, papyformes ou encore lotiformes, c’est-à-dire des chapiteaux décorés de palmiers, de papyrus ou de lotus.
Le lien entre l’œuvre et l’architecture a sûrement été volontaire, Edgard Pillet étant un fervent défenseur de la synthèse des arts, qui prône l’association entre arts plastiques et architecture. Il est intéressant de souligner que ce principe de synthèse des arts, très prégnant dans de nombreux milieux artistiques des années 50, fait écho à l’une des recommandations du 1% artistique – lui-même né dans les années 50 – à savoir que les œuvres du 1% doivent être issues d’un travail collaboratif entre architecte et artiste.
Edgar Pillet (1912-1995)
Né en Gironde, Edgard Pillet suit des cours du soir à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux puis rentre aux Beaux-Arts de Paris (1928-1934). Après avoir obtenu une bourse du Conseil Supérieur des Beaux-Arts, il part en Grèce où il séjourne pendant un an (1936-1937). Il affirme alors son travail de sculpteur classique et se forme au dessin. De retour à Paris, il découvre entre autres Guernica de Picasso, ce qui marque considérablement son travail ultérieur : il comprend combien il est important de métamorphoser ses émotions. Durant les dix années à venir, son travail évoluera dans ce sens.
Les sept années suivantes (1939 à 1946), Pillet part en Algérie grâce au prix Abd El Tiff décerné par les Beaux-Arts. Il y rencontre entre autres Albert Camus, ce qui le pousse à s’essayer à l’écriture tout en continuant son travail de sculpteur. Durant cette période, il produit ses premières peintures figuratives d’inspiration cubiste.
Il rentre à Paris en 1946 où il continue à écrire des romans policiers sous le pseudonyme d’Arshi Kay. Après sept années en Algérie, l’art qu’il découvre à Paris est une révélation : il y découvre l’art abstrait. Il est entre autre très marqué par Kandinsky et Brancusi, et s’engage progressivement dans cette voie. A 36 ans, en 1948, il produit ses premiers découpages-collages de papiers. En 1950, il fonde l’Atelier d’art abstrait à Montparnasse avec Jean Dewasne. Cet atelier a un rayonnement international et propose des conférences techniques et philosophiques avec des acteurs du monde de l’art, des visites d’ateliers, des discussions, etc. En 1951, il intègre le Groupe espace. En parallèle, il poursuit ses travaux personnels, dont un film d’animation présentant des formes découpées dans du papier qui se rencontrent et dont les formes évoluent au fil de la vidéo. Ce court-métrage est extrêmement intéressant car il regroupe nombre de motifs qui composent le vocabulaire formel de Pillet (cliquez ici pour voir la vidéo).
En 1955, Pillet part aux Etats-Unis et y restera jusqu’en 1960. Il est alors professeur à l’Université de Louisville puis à l’Art Institute de Chicago. Il travaille et expose à New-York. Il repère une nouvelle école en germe, non-figurative et plutôt centrée sur la gestuelle ; son artiste prédominant est Jackson Pollock. Pillet est là encore très marqué, et réfléchit à la composition picturale de la toile et au monde de la peinture avec Wilhelm De Kooning, Robert Motherwell et Richard Lindner.
Des années 1960 à 1965, Pillet s’intéresse tout particulièrement à la cohabitation et au dialogue entre la forme, la couleur et la matière. Cette recherche plastique le mène à la création des creusets. Puis de 65 à 70, Pillet « se fait » architecte et conçoit environ sept villas. Il s’éloigne progressivement de la peinture, et ses creusets évoluent en sculptures mobiles. Cette évolution des creusets va le pousser à travailler davantage avec des architectes, dont Olivier-Clément Cacoub avec qui il réalisera de nombreux projets monumentaux en France et en Afrique. Durant toutes les années 70, Pillet continue ses travaux en lien avec l’architecture : on lui doit une cinquantaine d’œuvres réalisées pour le 1% artistique. Il élargit ses réalisations en utilisant différents matériaux comme l’acier inoxydable, le béton, le ciment, la pierre, la mosaïque, le bois, la pierre, l’aluminium… Il utilise des matériaux adaptés au lieu et à ses contraintes budgétaires.
A la fin de sa vie dans les années 1980, il revient à la peinture et à l’écriture de roman.
Les sept années suivantes (1939 à 1946), Pillet part en Algérie grâce au prix Abd El Tiff décerné par les Beaux-Arts. Il y rencontre entre autres Albert Camus, ce qui le pousse à s’essayer à l’écriture tout en continuant son travail de sculpteur. Durant cette période, il produit ses premières peintures figuratives d’inspiration cubiste.
Il rentre à Paris en 1946 où il continue à écrire des romans policiers sous le pseudonyme d’Arshi Kay. Après sept années en Algérie, l’art qu’il découvre à Paris est une révélation : il y découvre l’art abstrait. Il est entre autre très marqué par Kandinsky et Brancusi, et s’engage progressivement dans cette voie. A 36 ans, en 1948, il produit ses premiers découpages-collages de papiers. En 1950, il fonde l’Atelier d’art abstrait à Montparnasse avec Jean Dewasne. Cet atelier a un rayonnement international et propose des conférences techniques et philosophiques avec des acteurs du monde de l’art, des visites d’ateliers, des discussions, etc. En 1951, il intègre le Groupe espace. En parallèle, il poursuit ses travaux personnels, dont un film d’animation présentant des formes découpées dans du papier qui se rencontrent et dont les formes évoluent au fil de la vidéo. Ce court-métrage est extrêmement intéressant car il regroupe nombre de motifs qui composent le vocabulaire formel de Pillet (cliquez ici pour voir la vidéo).
En 1955, Pillet part aux Etats-Unis et y restera jusqu’en 1960. Il est alors professeur à l’Université de Louisville puis à l’Art Institute de Chicago. Il travaille et expose à New-York. Il repère une nouvelle école en germe, non-figurative et plutôt centrée sur la gestuelle ; son artiste prédominant est Jackson Pollock. Pillet est là encore très marqué, et réfléchit à la composition picturale de la toile et au monde de la peinture avec Wilhelm De Kooning, Robert Motherwell et Richard Lindner.
Des années 1960 à 1965, Pillet s’intéresse tout particulièrement à la cohabitation et au dialogue entre la forme, la couleur et la matière. Cette recherche plastique le mène à la création des creusets. Puis de 65 à 70, Pillet « se fait » architecte et conçoit environ sept villas. Il s’éloigne progressivement de la peinture, et ses creusets évoluent en sculptures mobiles. Cette évolution des creusets va le pousser à travailler davantage avec des architectes, dont Olivier-Clément Cacoub avec qui il réalisera de nombreux projets monumentaux en France et en Afrique. Durant toutes les années 70, Pillet continue ses travaux en lien avec l’architecture : on lui doit une cinquantaine d’œuvres réalisées pour le 1% artistique. Il élargit ses réalisations en utilisant différents matériaux comme l’acier inoxydable, le béton, le ciment, la pierre, la mosaïque, le bois, la pierre, l’aluminium… Il utilise des matériaux adaptés au lieu et à ses contraintes budgétaires.
A la fin de sa vie dans les années 1980, il revient à la peinture et à l’écriture de roman.
Pillet, le Groupe espace et la synthèse des arts
Pillet est l’un des protagonistes des rapprochements opérés après la Deuxième Guerre mondiale entre architectes et artistes. Il fait partie du Groupe espace, association fondée en 1951 par André Bloc, qui a pour ambition de rassembler peintres, sculpteurs et plasticiens au côté des architectes, afin de travailler ensemble à un meilleur cadre de vie pour tous. Ces ambitions s’inscrivent dans la théorie plus générale de « synthèse des arts », et le Manifeste du Groupe, signé en 1951 par trente-neuf personnes, est relayé dans les revues Architecture d’aujourd’hui et Art d’aujourd’hui.
Les principes du Groupe espace ne sont pas sans rappeler ceux de l’UAM, l’Union des Artistes Modernes créée en 1929 et dont fit également partie André Bloc. L’UAM prônait un art accessible à tous ; le titre de leur Manifeste de 1934 en est révélateur : « Pour l’art moderne, cadre de la vie contemporaine ». A noter cependant que l’UAM souhaitait que les décorateurs, relieurs, joaillers et designers participent à la synthèse des arts, au même titre que les artistes plasticiens et les architectes, contrairement au Groupe espace qui, lui, ne promouvait qu’un rapprochement entre arts plastiques et architecture.
En 1952, Pillet participe au projet architectural de l’imprimerie Mame à Tours, où il fait la mise en couleur des murs intérieurs et mène ainsi un travail sur l’aménagement des lieux et de leur atmosphère. Plus tard, dans les années 60 et 70, il s’associe à de nombreuses constructions publiques ou privées pour lesquelles il conçoit, en concertation avec les architectes, des réalisations monumentales en France et à l’étranger. Dans le cadre du 1% artistique, Pillet réalise une cinquantaine d’œuvres de différentes natures (reliefs, sculptures, mosaïques, tapisseries, peintures murales, creusets). Au sein du Groupe Espace, Pillet va à de nombreuses reprises avoir l’occasion de mettre en pratique ses réflexions sur l’intégration de « la couleur au service de l’homme », avec des visées tant fonctionnelles que sociales.
André Borderie et Pierre Székely, auteurs d’autres œuvres des sites universitaires grenoblois, ont également fait partie du Groupe espace.
Les principes du Groupe espace ne sont pas sans rappeler ceux de l’UAM, l’Union des Artistes Modernes créée en 1929 et dont fit également partie André Bloc. L’UAM prônait un art accessible à tous ; le titre de leur Manifeste de 1934 en est révélateur : « Pour l’art moderne, cadre de la vie contemporaine ». A noter cependant que l’UAM souhaitait que les décorateurs, relieurs, joaillers et designers participent à la synthèse des arts, au même titre que les artistes plasticiens et les architectes, contrairement au Groupe espace qui, lui, ne promouvait qu’un rapprochement entre arts plastiques et architecture.
En 1952, Pillet participe au projet architectural de l’imprimerie Mame à Tours, où il fait la mise en couleur des murs intérieurs et mène ainsi un travail sur l’aménagement des lieux et de leur atmosphère. Plus tard, dans les années 60 et 70, il s’associe à de nombreuses constructions publiques ou privées pour lesquelles il conçoit, en concertation avec les architectes, des réalisations monumentales en France et à l’étranger. Dans le cadre du 1% artistique, Pillet réalise une cinquantaine d’œuvres de différentes natures (reliefs, sculptures, mosaïques, tapisseries, peintures murales, creusets). Au sein du Groupe Espace, Pillet va à de nombreuses reprises avoir l’occasion de mettre en pratique ses réflexions sur l’intégration de « la couleur au service de l’homme », avec des visées tant fonctionnelles que sociales.
André Borderie et Pierre Székely, auteurs d’autres œuvres des sites universitaires grenoblois, ont également fait partie du Groupe espace.
En savoir plus
Consultez le site à propos de l'artiste : https://www.edgardpillet.fr/
Mis à jour le 8 mars 2024